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Recherche en génétique
06.12.2017 – A Montréal, les représentants de pays et experts se penchent sur la capacité désormais croissante de la science à manipuler les génomes.
(ATS/AGIR) - Le "forçage génétique", technologie capable d'éradiquer des espèces entières, est au cœur d'un groupe de travail réuni cette semaine à Montréal dans le cadre de la Convention de l'ONU sur la biodiversité. Représentants de pays et experts se penchent sur la capacité désormais croissante de la science à manipuler les génomes. Un rapport doit être produit à destination des 195 Etats de la Convention. Pour ses partisans, cette technique, qui consiste à modifier l'ADN d'êtres vivants, permettrait d'éliminer les espèces invasives décimant la vie sauvage dans les îles. Elle pourrait aussi venir à bout des moustiques porteurs du paludisme. D'autres mettent en garde contre un risque de chaos écologique, et soupçonnent les arguments sanitaires de masquer des objectifs industriels et militaires. Le "forçage génétique" est encore peu connu, mais il a de puissants soutiens - notamment l'armée américaine via son Agence pour les projets de recherche de la Défense (DARPA) et la Fondation Bill et Melinda Gates - qui ont investi plusieurs centaines de millions de dollars dans ces recherches ces deux dernières années. Cette technique permet à un gène d'être transmis entre générations. Si par exemple ce gène permet de ne produire que des mâles, une espèce peut se retrouver rapidement en déclin. Pour la première fois, elle a été identifiée comme pouvant sauver la faune menacée par des espèces invasives, dans une étude publiée en 2014 par Kevin Esvelt, du MIT. Mais aujourd'hui, Kevin Esvelt estime qu'il a eu tort de susciter de tels espoirs, et que recourir au forçage génétique pour préserver la nature est trop dangereux. "Vous ne devriez jamais concevoir et faire connaître un (tel) système, capable de se propager au-delà" de la région visée, dit-il. Pour autant, il n'exclut pas un recours limité à cette technique pour d'autres objectifs, notamment contre certaines maladies. Maîtriser le génie génétique pour chasser les moustiques vecteurs du paludisme en Afrique est précisément l'objectif de Target Malaria, consortium de recherche soutenu par la Fondation Gates.
Auteur : ATS/AGIR
