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Sécheresse et canicule dans les forêts suisses
08.08.2018 – Avec la canicule, les arbres souffrent de stress hydrique. A plus longue échéance, il faut s'attendre à ce que certaines espèces indigènes soient contraintes de se retirer dans des lieux plus adaptés à leurs besoins, expliquent les spécialistes de l'Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).
(ATS/AGIR) - Le stress hydrique chez les arbres se manifeste à différents degrés, a indiqué à Keystone-ATS Roman Zweifel, de l'Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Dans un premier temps, l'arbre économise de l'eau en fermant ses stomates, soit les pores situés sur les feuilles principalement. Dans une deuxième phase, l'arbre stoppe sa croissance. Si la sécheresse persiste, les feuilles jaunissent ou brunissent. Dans des cas extrêmes, chez le chêne ou le hêtre notamment, des branches entières peuvent tomber, et des résineux peuvent complètement sécher. "Mais pour qu'un arbre meure, il faut souvent des facteurs secondaires comme le bostryche, des champignons ou des tempêtes. Chez les feuillus, nous partons du principe que les mécanismes de défense sont dans la plupart des cas suffisants pour résister à la sécheresse actuelle", explique Roman Zweifel.
Un avis partagé par Sabine Augustin, collaboratrice scientifique à la section Protection et santé des forêts de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). Sur le plus long terme, l'élément décisif sera la météo de 2019. Car si une "année normale" avec suffisamment de précipitations permet aux arbres de se rétablir, ce ne sera pas le cas si elle est de nouveau inhabituellement sèche et chaude. En tout état de cause, on en saura plus d'ici septembre, avec les résultats de l'inventaire forestier pour cette année, souligne Sabine Augustin.
A plus longue échéance, il faut s'attendre à ce que certaines espèces indigènes soient contraintes de se retirer dans des lieux plus adaptés à leurs besoins. "Nous misons de plus en plus sur des mélanges d'espèces qui réduisent ce type de risque", ajoute la spécialiste.
Selon le WSL, des modifications de la composition des forêts sont en cours dans toute l'Europe. Des études ont montré que le sapin blanc est mieux armé que le sapin rouge - ou épicéa - et le hêtre face au réchauffement. L'épicéa pourrait ainsi se voir repoussé dans les régions subalpines ou de montagne, et le chêne prendre la place du hêtre parmi les feuillus. Ce dernier a une certaine tolérance à la chaleur, pour autant qu'il trouve suffisamment d'eau dans le sol. "Mais lorsque la sécheresse s'ajoute à la chaleur comme ces dernières semaines, le hêtre souffre, ainsi qu'en témoignent ses feuilles brunies", note Roman Zweifel. Une étude réalisée dans le cadre du Programme de recherche "Forêts et changements climatiques" de l'OFEV et du WSL avait montré l'an dernier que le patrimoine génétique des arbres n'est pas en mesure de s'adapter assez vite à l'évolution actuelle. Cet été 2018 caniculaire fait en effet suite à celui de 2017, qui avait déjà été le troisième plus chaud depuis le début des mesures, après 2003 et 2015.
Auteur : ATS/AGIR
