Suède – La vache et le prisonnier…

10.08.2018 – Grâce aux travaux agricoles, les détenus préparent leur réinsertion.

(ATS/AGIR) - Incarcéré pour port d'arme depuis avril au centre pénitentiaire de Mariestad, dans le sud-ouest de la Suède, Alfred prépare sa réinsertion en s’occupant cinq jours par semaine de son troupeau de vaches. Le quinquagénaire retrouve aux aurores son partenaire de traite Sofian (les prénoms ont été modifiés) pour deux heures et demie de travail matinal. Le binôme a en charge une vingtaine de vaches sur les 53 que compte le troupeau. Alfred ne cache pas son plaisir au contact des bêtes. "Je les aime [...] Ce travail me donne quelque chose", confie-t-il à Hélène Dauschy de l’AFP. Dans l’établissement pénitentiaire d’Alfred, - la plus ancienne des trois prisons ouvertes de ce type en Suède, baptisée Rödjan -, soixante détenus s'occupent de la ferme biologique: les fleurs sont arrosées, les barrières repeintes, la pelouse tondue. Une dizaine d'entre eux est en charge du bétail. Les détenus sont employés 35 heures par semaine, payés 13 couronnes (1,5 francs). Ils disposent également de deux jours de repos par semaine. Michael Henningsohn, responsable de production, salut l'implication des détenus. "Beaucoup font un travail incroyablement bon, étant donné qu'ils n'ont jamais travaillé dans le milieu", reconnaît-il. En 2012, l'exploitation a reçu une récompense des mains du roi Carl XVI pour la qualité de son lait. La clef du succès réside dans la routine imposée par le milieu. "Les gars savent la suivre", explique Michael. Pour autant, Alfred ne se voit pas continuer dans le milieu agricole, lui qui a pourtant vécu entouré de vaches, dans la ferme de ses grands-parents. "J'ai vu comment ça se passait pour eux, c'est trop dur", explique-t-il.

Avec 0,5 détenu pour 1000 habitants, le pays scandinave est parmi ceux au monde comptant le moins de prisonniers, soit deux fois moins qu'en France (1 pour 1000 habitants). Le budget consacré pour chaque personne détenue - ou placée sous surveillance - y est en revanche deux fois plus élevé. La Suède privilégie les peines dites de probation à la prison ferme pour quelques mois, généralise l'usage du bracelet électronique, recourt aux travaux d'intérêt général, et systématise la remise en liberté conditionnelle aux deux tiers de la peine. Le pays investit aussi lourdement dans la réinsertion, grâce à l'apprentissage de la langue, la formation professionnelle. Le taux de récidive en Suède est de 30%, deux fois moins élevé qu'en France selon les statistiques pénitentiaires.

Auteur : ATS/AGIR