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Les articles d'AGIR
Faire entendre les intérêts du Valais agricole
Lors des assises annuelles de Chambre valaisanne d’agriculture à Conthey, Willy Giroud s’est félicité du succès de la campagne de recrutement de membres individuels lancée par la CVA auprès de toutes les exploitations agricoles valaisannes touchant des paiements directs ainsi que celles soumises à des redevances. Cette action a été mise sur pied suite à la décision du Département de l’économie, de l’énergie et du territoire (DEET) du canton de réduire de moitié, dès 2014 et sur 24 mois, son soutien financier à la Chambre valaisanne. Elle a permis de recruter 5000 nouveaux adhérents à titre individuel et, par conséquent, d’équilibrer les comptes de la Chambre, a rappelé le président dans son rapport.
Encore des diminutions!
Mais le chapitre des diminutions n’est pas clos, puisque d’autres mesures sont en cours ou à l’ordre du jour, a informé Willy Giroud. Le canton a en effet décidé, depuis 2015, de revoir à la baisse son soutien financier à la promotion des interprofessions. Et ce n’est pas terminé puisque le président a expliqué que l’Etat a annoncé tout récemment son intention d’attribuer une aide cantonale uniquement à Valais/Wallis Promotion (VWP), à partir de 2016, dans le but d’améliorer l’efficience des moyens publics investis dans la promotion. «Il est absolument légitime que le canton veuille améliorer la coordination du marketing agricole mais les interprofessions ont fait du bon travail jusqu’à maintenant. Leur supprimer toute aide cantonale serait irresponsable.» Selon le président, les interprofessions sont les mieux placées pour faire la promotion de leurs produits qui sont «les fers de lance de VWP».
Prestations écologiques
Evoquant par ailleurs les conséquences de la politique agricole 14-17 pour le Valais, Willy Giroud a fait part de ses doutes quant à la pertinence des options prises. Il a cependant salué ses points positifs pour le Valais en 2014, en particulier la suppression de la limite de revenu et de fortune pour l’accès aux contributions fédérales et la possibilité d’obtenir des crédits d’investissement pour les cultures pérennes. Le président s’est aussi arrêté sur l’augmentation de 13% de l’enveloppe des paiements directs due principalement aux projets de mise en réseaux écologiques pour la qualité paysagère. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir certaines craintes pour l’avenir: «Je demande à voir sur le long terme comment les montants de contributions écologiques pourront être maintenus, car si l’on sait que le Valais et le canton de Vaud ont été parmi les premiers à s’intéresser à ce genre de contributions, il faudra compter dès cette année avec des demandes d’autres cantons.»
Production alimentaire peu soutenue
Cette crainte est partagée par le directeur Pierre-Yves Felley qui, lors de la présentation de son rapport d’activité, est revenu, chiffres à l’appui, sur les montants des paiements directs versés aux exploitations valaisannes. «Le principal grief formulé par la profession contre cette réforme agricole porte sur le poids toujours plus important donné aux prestations environnementales au détriment de la production alimentaire», a-t-il constaté. Ainsi, en 2013, moins de 10 millions de paiements directs (soit 9%) rémunéraient des prestations écologiques et près de 100 millions étaient liés à la fonction productive de l’agriculture. En 2014, en revanche, 32 millions (27 %) rémunèrent les prestations écologiques et moins de 90 millions la fonction productive. «Et dans ces 90 millions figurent 8 millions de contribution de transition qui vont inexorablement être réduits et disparaître afin de financer le développement des programmes environnementaux. A court terme, les paiement directs écologiques vont correspondre à un tiers du total des contributions versées aux exploitations agricoles», estime Pierre-Yves Felley.
En bref…
Parmi les points importants, le directeur a également rappelé à l’assemblée que le site internet de la CVA, mis en ligne en mars dernier, a été entièrement repensé et relooké afin de «fédérer des acteurs agricoles très diversifiés, faire connaître les prestations proposées aux membres et donner un accès aisé aux informations».
Enfin, relevons que le rendement brut de l’agriculture valaisanne s’est élevé, en 2014, à 334 millions de francs (318 en 2013), la viticulture représentant 48% du total, les fruits 23%, la production animale 22%, les légumes 4% et enfin, les grandes cultures 2,2%.
Remise du Prix Agrivalais
L’assemblée s’est terminée par la traditionnelle remise du Prix Agrivalais qui a pour objectif de valoriser les démarches individuelles ou associatives contribuant au renom du secteur primaire du canton. Cette année, le lauréat est la cave Rhodan (www.rhodan.ch) qui propose une alternative aux engrais chimiques en produisant son propre «lombricompost». Responsable de la cave, Olivier Mounir a expliqué que les vers de terre rouges (Lumbricus rubellus) travaillent le fumier d’exploitations bio et le marc de la cave avec de la poudre de roche pour produire du compost. Ce fertilisant organique naturel, stable, riche en humus est immédiatement assimilable par les plantes. La cave du Rhodan souhaite désormais associer d’autres exploitants et vignerons à ce projet pour poursuivre son développement.
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Encadré
Troisième correction du Rhône
Débat sur le décret de financement
A l’issue de la partie statutaire, la CVA a organisé un débat relatif au décret d’un fonds de financement de 60 millions pour la 3e correction du Rhône, objet qui sera soumis à votation le 14 juin prochain, suite à l’aboutissement d’un référendum. Depuis fin 2014, ce thème occupe beaucoup la CVA qui a fait savoir qu’elle refusait de soutenir le volet financier «d’un projet qui prétérite des exploitations agricoles modernes et qui met en péril le potentiel de production alimentaire du canton».
Autour de la table, Jacques Melly, conseiller d’Etat et chef du Département des transports, de l’équipement et de l’environnement, a défendu la position du canton en rappelant l’importance d’accepter ce décret, car son refus bloquerait le financement de toute mesure de protection de la plaine du Rhône contre les crues, y compris les mesures urgentes attendues par les communes. Face à lui, Willy Giroud, député, président du comité référendaire et de la CVA, et Jérôme Desmeules député, vice-président du comité référendaire, ont expliqué qu’ils partageaient certes l’objectif sécuritaire de R3 mais qu’ils dénonçaient en revanche les coûts excessifs du projet budgété à près de 3 milliards de francs. Les deux opposants ont également rappelé que le projet sacrifie 310 ha de surfaces d’assolement (SDA) qui sont les meilleures terres agricoles de la plaine. La perte de ces surfaces, ont-t-ils précisé, devront obligatoirement être compensées par le canton, en vertu de la législation fédérale, notamment en réaffectant en zone agricole 300 ha de terrains aujourd’hui classés en zone industrielle ou à bâtir. Et, selon les estimations des référendaires, en comptant une perte de valeur de Fr. 300.-/m2, ce déclassement coûtera 900 millions de francs, un montant qui n’est pas compris dans le budget du projet de 3 milliards.
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