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Protéger les vignes sans piéger la faune
Protéger le raisin sans mettre en danger les oiseaux ni les petits mammifères: c’est le défi auquel sont confrontés chaque été les viticulteurs suisses. Afin de les informer et/ou leur rappeler les bonnes pratiques à adopter, VITISWISS, AGRIDEA, Agroscope et les associations de protection des oiseaux et de la faune ont produit une vidéo didactique, qui met également en avant la législation à respecter et les services à contacter en cas de découverte d'animaux blessés.
Une réponse à des plaintes récurrentes
Ce projet est né d’un constat préoccupant: malgré la réglementation et l’existence de guides techniques, des oiseaux et petits mammifères continuent de mourir piégés dans des filets mal posés. "Nous recevons encore trop de plaintes de promeneurs choqués de voir des animaux morts ou coincés", confie Nora Dauphin-Viret, gestionnaire de VITISWISS (Fédération suisse pour le développement d'une vitiviniculture durable). "Et chez certains producteurs, il persiste un manque de connaissances sur les bonnes pratiques."
Le problème n’est pas nouveau. En 2013 déjà, un groupe de travail réunissant vignerons, associations de protection de la nature et chercheurs s’était constitué pour améliorer les pratiques. Depuis, des progrès ont été constatés: certaines espèces emblématiques, comme la huppe fasciée, ont même fait leur retour dans les vignobles. Mais des dérives subsistent. D’où l’idée d’une vidéo de sensibilisation conçue comme un outil pédagogique et de prévention, s’adressant prioritairement aux professionnels et aux apprentis de la viticulture.
Des filets à manier avec précaution
Le film, produit dans les trois principales langues nationales (allemand, français et italien) rappelle donc que l’exploitant a le droit de défendre sa vigne contre les oiseaux – étourneaux, merles, grives ou moineaux –, mais aussi le devoir de ne pas causer de dommages notables à la faune. Plusieurs lois fédérales prévoient d’ailleurs des sanctions à l’encontre de toute personne qui maltraite ou tue un animal de façon intentionnelle ou par négligence. La négligence comprenant le non-respect des bonnes pratiques de pose des filets, et le non-contrôle régulier de ces derniers.
Alors, en quoi consistent ces bonnes pratiques? Dans un premier temps, il s'agit d’évaluer la possibilité de recourir à des alternatives, comme les effaroucheurs visuels ou sonores, ou encore le recours à des gardes-vignes. Lorsque l’usage des filets est jugé nécessaire, la vidéo recommande de privilégier les modèles latéraux, plus sûrs que les filets couvrants. Elle insiste aussi sur l’importance d’une pose soignée: pas de trous entre deux filets, des extrémités tendues au-dessus du sol, bien fixées aux piquets. Les protections doivent par ailleurs être retirées immédiatement après les vendanges.
Sensibiliser la nouvelle génération
Toutes ces consignes contribuent à éviter des accidents parfois dramatiques, où un oiseau, un hérisson ou même un lézard vert se retrouvent prisonniers. "L’objectif de cette vidéo est double: réduire les impacts négatifs sur la faune et renforcer la formation des viticulteurs", insiste Nora Dauphin-Viret. "Nous voulons vraiment souligner qu’il existe des alternatives aux filets, et que lorsqu’ils sont utilisés, ils doivent l’être seulement en dernier recours et toujours de manière correcte."
Pas d’aides, mais une responsabilité collective
Au-delà de la technique, il s’agit aussi de changer la logique: passer de la réaction à la prévention, en créant un cadre clair et partagé par tous les acteurs de la filière.
Ces mesures nécessitent du temps et de l’attention de la part des producteurs. Toutefois, aucune aide financière spécifique n’est prévue pour cela. "C’est une responsabilité que les viticulteurs doivent assumer eux-mêmes, même si cela demande un effort supplémentaire", souligne encore Nora Dauphin-Viret.
À terme, les initiateurs du projet espèrent que cette démarche réduira les conflits entre producteurs et promeneurs, tout en protégeant à la fois les fruits et les espèces animales qui cohabitent dans les vignes.
Pascale Bieri/AGIR
Protéger les récoltes de fruits en respectant les oiseaux et les autres animaux

