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Les articles d'AGIR
Retrospective de l'agriculture suisse 2025 : un millésime de paradoxes
Une météo aux extrêmes marqués
Le climat a dicté le tempo d’une année agronomique intense. L’année météorologique 2025 se classe parmi les plus chaudes jamais enregistrées, débutant par un hiver très doux (le 9e plus chaud depuis le début des mesures) et un printemps précoce, marqué par une sécheresse généralisée,,. Si ces conditions ont favorisé l’avancement des travaux des champs, elles ont aussi exercé une pression précoce sur les ressources en eau. L’été, classé parmi les sept plus chauds, a alterné canicules et orages violents, causant des dégâts de grêle localisés, avant de laisser place à un automne humide au nord des Alpes, mais sec au sud.
Productions végétales : l'abondance à l'épreuve de la logistique
Après l’effondrement historique de 2024, les grandes cultures ont retrouvé des couleurs. La récolte de céréales panifiables a bondi de 77 %, garantissant l’approvisionnement du pays jusqu’en 2026 avec une qualité jugée très bonne.
Ce retour à l'abondance a toutefois généré des goulots d’étranglement inattendus. Pour les pommes de terre et les légumes, les rendements élevés et la simultanéité des récoltes ont provoqué une pénurie de palox (caisses de stockage), compliquant considérablement le transport et le stockage,. Si les caves sont pleines, cette offre importante a pesé sur les prix à la production, notamment pour la pomme de terre, où les prix indicatifs ont été fixés en dessous de la moyenne.
Ce retour à l'abondance a toutefois généré des goulots d’étranglement inattendus. Pour les pommes de terre et les légumes, les rendements élevés et la simultanéité des récoltes ont provoqué une pénurie de palox (caisses de stockage), compliquant considérablement le transport et le stockage,. Si les caves sont pleines, cette offre importante a pesé sur les prix à la production, notamment pour la pomme de terre, où les prix indicatifs ont été fixés en dessous de la moyenne.
Le secteur fruitier affiche un bilan contrasté : une année exceptionnelle pour les baies (+12 % pour les fraises), les cerises et les abricots (notamment en Valais), mais des volumes en net recul pour les poires à moût et les prunes.
Les champignons : la filière reste sous tension face à la hausse continue des importations et des coûts de production élevés qui pénalisent la compétitivité suisse face à l'Europe
Deux secteurs traversent des crises spécifiques :
• Le sucre : alors que la récolte de betteraves s'annonçait prometteuse avec des teneurs en sucre élevées, une panne majeure à l'usine de Frauenfeld en novembre a forcé l'arrêt de la production sur ce site, créant une incertitude majeure pour la fin de campagne.
• La viticulture : malgré un millésime 2025 prometteur en qualité, les volumes sont faibles (-25 % en Valais) et le secteur s'enfonce dans une crise économique. La baisse de la consommation et la concurrence des vins étrangers — qui représentent désormais deux tiers de la consommation — exercent une pression inédite sur les prix.
Production animale : stabilité des marchés et avancées éthiques
Le marché de la viande présente des dynamiques divergentes. La production porcine a retrouvé un équilibre salutaire après deux années de crise, avec des prix favorables et une baisse continue de l'usage des antibiotiques (-76 % pour les substances critiques depuis 2010). À l'inverse, le marché bovin voit la part indigène reculer à 76,1 % : alors que la production nationale augmente légèrement en valeur, les importations de bœuf ont explosé de plus de 30 %.
La filière laitière enregistre une légère hausse de production (+1,1 % à fin septembre), soutenue par une bonne qualité fourragère, mais doit naviguer dans un marché international difficile, freiné notamment par les droits de douane américains sur les fromages.
L'année 2025 marque un tournant éthique majeur pour la volaille : c'est la fin du broyage des poussins mâles, remplacé par le sexage in ovo, une première mondiale qui renforce la durabilité de la filière malgré une pression virale (grippe aviaire en UE) et des coûts en hausse.
Enfin, les petits ruminants et l'économie alpestre font face à des menaces sanitaires et environnementales croissantes. La fièvre catarrhale ovine (langue bleue) et la prédation du loup continuent de peser sur le moral des éleveurs, provoquant une certaine résignation et l'abandon de surfaces d'estivage difficiles à protéger, malgré une saison d'alpage climatiquement stable.
Forêt : entre rigueur budgétaire et nouvelles stratégies
Le secteur forestier, qui couvre un tiers du territoire, se trouve à la croisée des chemins. Si la nouvelle « Stratégie intégrée Forêt et Bois 2050 » vise à augmenter l'exploitation du bois suisse, les propriétaires forestiers s'inquiètent des coupes budgétaires fédérales, menaçant notamment le soutien à la formation sécuritaire.
Retrospective agricole complète : téléchargez le pdf
Textes et traduction : AGIR / LID

